Dans le cadre du projet ANR RISCOVAC, (RISques, Controverses et
Vaccinations) le SESSTIM (Aix-Marseille Université- INSERM-IRD) recherche
un-e étudiant-e pour réaliser une étude sur les groupes critiques des
vaccins et sur les leurs mobilisations sur internet dans le cadre d’un
Master 2 et/ou d’un doctorat.

 

Le projet RISCOVAC porté par le SESSTIM et soutenu par un financement de
l’Agence Nationale de la Recherche vise à mieux comprendre les
comportements de vaccination contemporains (population générale, groupes
à risques, médecins) en les replaçant dans le cadre des mobilisations et
controverses contemporaines portant sur plusieurs aspects des politiques
vaccinales.

Depuis la fin des années 1990, les controverses publiques portant sur des
vaccins se sont multipliées en France et dans de nombreux pays
développés. En France, les critiques se sont concentrées sur les vaccins
contre l’hépatite B, contre la grippe A(H1N1), et, plus récemment, sur
les vaccins contre le papillomavirus et l’usage d’adjuvants à base
d’aluminium. Le vaccin contre le papillomavirus a aussi été accueilli
par des critiques dans de nombreux autres pays comme aux Etats-Unis, au
Japon ou encore en Inde. En Grande Bretagne et aux Etats-Unis, ce sont les
vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons qui concentrent
les critiques depuis le début des années 2000 tandis que l’Allemagne a
connu, comme la France, une controverse âpre autour de la vaccination
pandémique. Ces controverses ont eu des répercussions sur la couverture
vaccinale de chacune de ces maladies, faisant de la vaccination un cas
intéressant d’étude des liens entre d’un côté les actions de
mobilisation d’acteurs relevant des mouvements sociaux, et les
controverses publiques qu’ils parviennent à générer, et, de l’autre,
les comportements des individus confrontés à ces discours publics
contradictoires.

Le travail de l’étudiant-e s’inscrira dans l’axe 4 du projet,
centré sur l’analyse des mobilisations des groupes qui produisent et
publicisent des argumentaires critiques de certains vaccins ou de la
vaccination en général. Cet axe vise ainsi à comprendre les différents
modes de politisation des vaccins (problématisation culturelle et
politique, répertoires d’action, type d’acteurs impliqués) à partir
des outils produits par la sociologie des mouvements sociaux et par la
sociologie des problèmes publics (notamment les outils de cartographie des
controverses).

Le projet de l’étudiant-e devra intégrer plusieurs opérations de
recherche prévues dans RISCOVAC, mais pourra ne pas se limiter à
celles-ci, notamment en cas de projet doctoral. Le projet devra
impérativement intégrer une analyse d’un corpus de « tweets »
comprenant des mots-clés relatifs à la vaccination. Cette analyse ne se
restreindra pas au contenu sémantique de ces messages et s’attachera à
comprendre ces tweets en lien avec les mobilisations et controverses qui
constituent le contexte de leur énonciation, notamment en prenant en
compte les profils des tweetos et les contenus non-sémantiques qui
accompagnent ces messages (hashtags, tinyurls, évènements et actions
évoqués…). En cas de candidature pour la bourse doctorale, le projet
devra aussi intégrer une analyse de couverture médiatique des
différentes controverses vaccinales françaises (hépatite B, HPV,
adjuvant aluminique, obligation vaccinale).

L’étudiant-e pourra aussi participer, si elle/il le désire, aux travaux
réalisés par les autres membres du projet RISCOVAC et les intégrer dans
son projet : cartographie des relations entre les différents acteurs de la
critique vaccinale francophone (hyperlink analysis), revue de littérature
des travaux sociologiques et historiques portant sur les critiques
vaccinales, analyse de questionnaires portant sur les comportements et
représentations vaccinales et conduite et analyse d’entretiens
semi-directifs portant sur la prise de décision vaccinale. Il/elle pourra
aussi proposer d’autres opérations de recherche en rapport avec la
problématique qu’elle/il choisira.

 

Le projet bénéficie d’un financement pour une année scolaire en stage
(Master 2) et d’une bourse de thèse (3 ans). En cas de candidat
intéressé, les deux financements peuvent se succéder (master 2 puis
thèse, après évaluation en fin de master 2) mais les candidatures pour
le master 2 seul ou la bourse de thèse seule sont aussi les bienvenues.

Le projet débutera en septembre ou en octobre 2016. L’encadrement de
l’étudiant-e sera assuré par Patrick Peretti-Watel (sociologue, HDR,
DR2 INSERM) en partenariat avec Gérald Bronner (Professeur de sociologie
à l’Université Paris-Diderot) avec une inscription (Master 2 ou thèse)
à l’université Paris-Diderot. L’étudiant-e peut proposer un- autre
directeur-trice ainsi qu’une autre université pour s’inscrire en
Master 2 ou en thèse à condition, bien sûr, que celle-ci ou celui-ci
donne son accord.

 

Compétences recherchées

-          Nous recherchons prioritairement un-e étudiant-e en sociologie
ou en sciences politiques mais les candidatures venant d’autres sciences
sociales sont aussi les bienvenues.

-          Domaines thématiques de compétence (un ou plusieurs):
mouvements sociaux et mobilisations, médias, problèmes publics,
controverses.

-          Méthodes maitrisées : des notions de webanalyse seraient un
plus.

-          Bonne maitrise de l’anglais.

-          Capacité à travailler en groupe.

 

Conditions de candidature

Avant tout, nous enjoignons les personnes intéressées à nous contacter
le plus tôt possible pour nous signaler leur intérêt.

Le dossier de candidature doit nous être envoyé le 1er juillet au plus
tard. Le dossier comprendra un CV, une lettre de motivation et la
description du projet (2 à 3 pages pour un projet de Master 2, 3 à 5
pages pour un projet de thèse, avec la mention d’une université
d’accueil et d’un-e directeur-trice de thèse-mémoire). Les
candidatures master 2 + doctorat, doivent être signalées dans la lettre
de motivation.

 

Contacts

Pour toute question et pour déposer votre candidature, contactez

Jeremy Ward (sociologue, chercheur postdoctoral au SESSTIM) :

jeremy.ward.socio (at) gmail.com

06.89.58.02.23

 

 

Quelques références bibliographiques indicatives

 

Bergeron, H., et P. Castel. 2015. Sociologie politique de la santé. Paris:
Presses Universitaires de France.

Bertrand, A., & Torny, D. (2004). Libertés  individuelle et santé
collective. Une étude socio-historique de l’obligation vaccinale. Paris:
Cermes.

Blume, S. 2006. « Anti-Vaccination Movements and Their Interpretations. »
Social Science &

Medicine 62 (3): 628-42.

Bronner, G. 2006. Vie et mort des croyances collectives. Paris: Hermann.

Colgrove, J. 2005. « “Science in a Democracy”: The Contested Status of
Vaccination in the

Progressive Era and the 1920s ». Isis 96 (2): 167-91.

Colgrove, J 2005, State of immunity, New York, Milbank.

Durbach, N. (2002). Class, Gender, and the Conscientious Objector to
Vaccination, 1898-1907. Journal of British Studies, 41(1), 58–83.

Durbach, N. 2000. « “They Might as Well Brand Us”: Working-Class
Resistance to Compulsory

Vaccination in Victorian England ». Social History of Medicine 13 (1):
45-62.

Durbach, N. (2004). Bodily Matters: The Anti-Vaccination Movement in
England, 1853–1907. Durham: Duke University Press Books.

Fressoz, J-B. 2007. « Beck Back in the 19th Century: Towards a Genealogy
of Risk Society. » History

and Technology 23 (4): 333-50.

Hobson-West, P. (2007). “Trusting blindly can be the biggest risk of
all”: organised resistance to childhood vaccination in the UK. Sociology
of Health & Illness, 29(2), 198–215.

Johnston, R. D. (2004). Contemporary anti-vaccination movements in
historical perspective. In R. D. Johnston, The politics of healing:
Histories of Alternative Medicine in Twentieth-Century North America
(Routledge, pp. 244–271). New York: Routledge.

Marchetti, D. 2010b. Quand la santé devient médiatique : Les logiques de
production de l’information dans la presse. Grenoble: Presses
Universitaires de Grenoble.

Peretti-Watel. P., Ward J.K., Schulz. W. S., Verger. P., Larson H.J.,
Vaccine Hesitancy: Clarifying a Theoretical Framework for an Ambiguous
Notion, PLOS Currents Outbreaks, feb 2015.

Peretti-Watel, P., Raude, J., Sagaon-Teyssier, L., Constant, A., Verger,
P., & Beck, F. (2014). Attitudes toward vaccination and the H1N1 vaccine:
Poor people’s unfounded fears or legitimate concerns of the elite? Social
Science & Medicine, 109, 10–18.

Ward J.K., Peretti-Watel. P., Verger. P., Vaccine criticism on the
internet: propositions for future research, Human Vaccines and
Immunotherapeutics, 2016 (http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21645515.2016.1146430?journalCode=khvi20)

Ward, J. K., Peretti-Watel, P., Larson, H. J., Raude, J., & Verger, P.
(2015). Vaccine-criticism on the internet: new insights based on
French-speaking websites. Vaccine, 33(8), 1063–1070.
Ward J.K, Raude J, Understanding influenza vaccination behaviors: a
comprehensive sociocultural framework, Expert reviews of vaccines, vol 13,
n°1, 2014