La campagne de concours des contrats de thèse de l’Ecole doctorale SHS
de l’Université Paris Saclay est ouvert.
Le sujet fléché par le Groupe d’Histoire des Sciences d’Orsay porte -
comme vous le verrez en détail en fichier joint - sur l’histoire de la
chimie au 19e siècle avec une double approche possible d’histoire des
sciences et d’histoire des techniques. Il est également possible de
candidater avec un sujet proposé par le candidat.
La date limite de dépôt des dossiers étant le 9 juin prochain, nous
invitons tous les candidats à prendre contact le plus rapidement possible.

Virginie FONTENEAU
virginie.fonteneau@u-psud.fr
Etudes sur les Sciences et les Techniques
Groupe d'Histoire et de Diffusion des Sciences d'Orsay
Faculté des sciences d'Orsay
Université Paris sud

Bâtiment 407 - Rue du Doyen Georges Poitou
91400 Orsay


Les préparateurs du chimiste Louis-Jacques Thenard 

Ce sujet de thèse s’inscrit dans le cadre du renouvellement
historiographique des recherches sur les 
savoirs scientifiques et techniques qui de façon dominante ont jusqu’ici
considéré principalement les 
élites scientifiques, leur système de formation et les institutions dans
lesquelles elles évoluent. De 
nouvelles recherches, issues de différents horizons, ont révélé une
large gamme d’institutions, 
d’acteurs, de pratiques, de dynamiques à des échelles locales ignorés
dans les études précédentes. 
Ainsi, dans le sillage du programme « Villes et institutions scientifiques
» ([9], [10]), de nombreuses 
recherches ont montré, dans le cas de la France, l’intérêt d’une
approche globale menée à l’échelon 
local ([8], [2], [1]) et permis de rendre compte des dynamiques locales qui
président à la constitution 
en provinces, dans une perspective de développement industriel et
économique, de « pôles 
scientifiques » [12]. Dans le cadre du renouveau des études
prosopographiques et biographiques 
([11], [5]), d’autres études se sont intéressées aux personnels des
facultés des sciences au-delà des 
seuls professeurs et des maîtres de conférence, en tenant compte des
préparateurs, aides de 
laboratoire, etc. [3]. Enfin, des recherches menées sur les cours publics
de chimie au XIXe siècle 
mettent en évidence des acteurs de la chimie, absents de
l’historiographie classique, producteurs de 
savoirs scientifiques, souvent impliqués dans une activité industrielle
en chimie (pharmaciens, 
médecins, entrepreneurs, etc.). [6] 

Le sujet proposé s’inscrit dans ces perspectives historiographiques
nouvelles, et porte spécifiquement 
sur la chimie. Le chimiste Louis Jacques Thenard (1777-1857) a en effet
fait l’objet d’une biographie 

[4] et d’une étude sur ses cours et l’organisation de son équipe au
Collège de France [7] mais, en 
revanche, ses préparateurs, qui sont ses proches collaborateurs au
laboratoire, sont pour la plupart 
absents des études d’histoire des sciences. En effet, ce n’est que
comme première étape de la carrière 
d’un chimiste, comme tremplin vers une carrière académique1 pour les
plus brillants, que la fonction 
de préparateur est visible dans l’historiographie. Une première étude
sur ces préparateurs (une 
quinzaine au minimum), exclus de fait implicitement de la chimie et de son
histoire, montre une 
variété de parcours dont l’étude serait d’un grand apport pour
saisir ce que sont les profils des 
chimistes et ce qu’est la chimie au XIXe siècle. Ainsi, certains
préparateurs de Thenard mèneront une 
activité entrepreneuriale, comme Antoine Boissenot (1804-1853) qui ouvre
une fabrique d’eau 
minérale ; Jean Chancel (1779-1857), à l’origine d’au moins deux
procédés industriels à la fin des 
années 1810 (allumettes à base de soufre, et borate de soude), et qui
s’implique dans l’exploitation 
d’une mine de graphite dans les années 1820 ; ou Serbat, industriel dans
le nord de la France, 
inventeur d’un mastic utilisé comme joint dans les machines à vapeur. 
En s’appuyant sur des archives locales, il s’agira de saisir les
activités de ces préparateurs au sein du 
laboratoire tout à la fois dans une démarche prosopographique et avec
l’objectif de connaître mieux 
l’espace du laboratoire comme lieu de travail et lieu de formation,
contribuant ainsi à la 
compréhension des pratiques de laboratoires : quelle est la hiérarchie au
sein du laboratoire ? 
Comment le travail est-il organisé ? Peut-on identifier des pratiques de
coopération ? 

Il s’agira aussi d’étudier la diversité de leurs trajectoires
professionnelles. Un des enjeux est 
d’identifier si leur expérience de préparateur a eu un impact sur leur
carrière. Si oui, dans quelle 
mesure ? En quoi cet impact serait lié à la personnalité de Thenard ? Si
non, en quoi ces carrières et 
leur diversité sont-elles significatives de la chimie de cette période ? 

Cette thèse sera menée parallèlement à un travail collectif sur les
préparateurs de différentes 
disciplines. 

Bibliographie 

[1]BIDOIS A. (2004) La formation scientifique et technique dans
l’enseignement supérieur à Rouen 
(1809-1985). Essai de sociologie historique, Thèse de sociologie de
l’université de Rouen. 
1 Certains font bien une carrière académique comme Louis René Le Canu
(1800-1872), José Louis Casaseca 
(1800-1854), Jean-François Persoz (1805-1868), Jean Girardin (1803-1884). 


[2] CHOFFEL-MAILFERT M.-J., ROLLET L. (2007) Aux origines d’un pôle
scientifique : Faculté des 
sciences et écoles d’ingénieurs à Nancy du Second Empire aux années
1960, Nancy, PUN. 
[3] CUSSENOT J. R., Base de données du personnel de la faculté des
sciences de Nancy de 1854 à 
2014. http://cussenot-fst-nancy.ahp-numerique.fr/cussenot2/alphabetique.php

[4] DERE A.-C., EMPTOZ G., Autour du chimiste Louis Jacques Thenard,
Chalons sur Saône, 
Université pour tous de Bourgogne, 2008. 
[5] D’ENFERT R., FONTENEAU V. (dir.) (2011) Espaces de l’enseignement
scientifique et technique. 
Acteurs, savoirs, institutions, XVIIe-XXe siècles, Paris, Hermann. 
[6] GARCIA BELMAR A., BERTOMEU-SANCHEZ J.-R., « Louis Jacques Thenard’s
Chemistry Courses 
at the Collège de France, 1804-1835 », Ambix, vol. 57, n°1, 2010, pp.
48-63. 
[7] GRELON A., BIRCK F. (dir.) (1998) Des ingénieurs pour la Lorraine
XIXe-XXe siècles, Metz, Éd. 
Serpenoise. 
[8] GRELON A., GROSSETTI M. (dir.) (1996) Rapport « Villes et institutions
scientifiques », PIR-
Villes, CNRS. 
[9] GROSSETTI M. (dir.) (1994) Université et territoire, un système local
d’enseignement supérieur, 
Toulouse et Midi-Pyrénées, Toulouse, Presses universitaires du Mirail. 
[10] NABONNAND P. et ROLLET L. (dir), Les uns et les autres...Biographies
et prosopographies en 
histoire des sciences, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2012 
[11] ROLLET L. (2009) « Peut-on faire l’histoire des pôles
scientifiques ? », Histoire de l’éducation, 
n° 122, 95-113. 

The préparateurs of the chemist, Louis Jacques Thenard 

This PhD thesis should provide a contribution to renew the literature about
scientific and technical 
knowledge as well as their circulation and their transmission. The
historiography considers mainly 
the scientific elites, their system of trainings and the institutions in
which they are involved. New 
research from different backgrounds revealed a broad range of institutions,
actors, practices, local 
dynamics ignored in the previous studies. Following the program “Villes
et institutions scientifiques” 
directed by André Grelon and Michel Grossetti ([9], [10]), many studies
demonstrated, in the case of 
France, the interest of a comprehensive approach carried on the local level
([8], [2], [1]). Regarding 
the dominant centralism and the elitism in historiography, theses
researches explained local 
dynamics, which governs the constitution in the provinces of “scientific
poles” for industrial and 
economic development [12]. Within the framework of the renewal of
prosopographic and 
biographical studies ([11], [5]), other studies are interested in staffs of
the Faculty of Science 
beyond the only professors and the lecturers, by taking account as of
preparers, laboratory assistants, 
etc. [3] Lastly, researches undertaken on the public courses of chemistry
to the 19th century highlight 
actors of chemistry, absent from classical historiography. They produce
scientific knowledge, and are 
often implied in an industrial activity in chemistry. [6] 

This topic falls within these new historiographical perspectives and deals
specifically with chemistry. 
A biography was published on Louis Jacques Thenard (1777-1857), chemist,
and, also a study upon 
his courses and the organization of his team to the Collège de France [7]
but, on the other hand, his 
preparers, who were also his close co-workers in the laboratory, are
largely absent from the studies 
of history of sciences. As the matter of fact, studies mention the position
of préparateur only as a 
first step in the career of a chemist, a springboard towards an academic
career2 for the brightest. A 
first study on these préparateurs (at least 15), who are implicitly
excluded of chemistry and its 
history, shows a variety of careers whose study would be of a great
contribution to seize what is 
chemistry at the 19th century. Indeed, certain préparateurs of Thenard
will carry out an 
entrepreneurial activity, as Antoine Boissenot (1804-1853) who opens a
mineral water factory; Jean 
Chancel (1779-1857), inventor of at least two industrial processes at the
end of the years 
1810 (matches containing sulphur, and borate of soda), and who is involved
in the exploitation of a 
graphite mine in the years 1820; or Serbat, industrialist in the north of
France, inventor of a cement 
used as joint in the steam engines. 

This PhD thesis project, that will require inter alia working on local
archives, aims to study the 
activities of these préparateurs within the laboratory in a prosopographic
approach. It should also 
provide a better understanding of the laboratory as a workplace and place
of training, and of 
laboratory practices: what is the hierarchy within the laboratory? How work
is organized? Can one 
identify practices of co-operation? 

The purpose of this project is also to study the diversity of their
professional trajectories. One of the 
challenges is to identify if their experience as préparateurs had an
impact on their career. If so, to 
what extent? Is it specifically related to the personality of Thenard?
Otherwise, is this a characteristic 
of the chemistry in the 19th century? 

The student will be involved in a collective project on préparateurs of
different disciplines (physics, 
geology, biology, etc.). 

Bibliography 

[1]BIDOIS A. (2004) La formation scientifique et technique dans
l’enseignement supérieur à Rouen 
(1809-1985). Essai de sociologie historique, Thèse de sociologie de
l’université de Rouen. 
2 Some of them pursue an academic career : Louis René Le Canu (1800-1872),
José Louis Casaseca (18001854), 
Jean-François Persoz (1805-1868), Jean Girardin (1803-1884). 


[2] CHOFFEL-MAILFERT M.-J., ROLLET L. (2007) Aux origines d’un pôle
scientifique : Faculté des 
sciences et écoles d’ingénieurs à Nancy du Second Empire aux années
1960, Nancy, PUN. 
[3] CUSSENOT J. R., Base de données du personnel de la faculté des
sciences de Nancy de 1854 à 
2014. http://cussenot-fst-nancy.ahp-numerique.fr/cussenot2/alphabetique.php

[4] DERE A.-C., EMPTOZ G., Autour du chimiste Louis Jacques Thenard,
Chalons sur Saône, 
Université pour tous de Bourgogne, 2008. 
[5] D’ENFERT R., FONTENEAU V. (dir.) (2011) Espaces de l’enseignement
scientifique et technique. 
Acteurs, savoirs, institutions, XVIIe-XXe siècles, Paris, Hermann. 
[6] GARCIA BELMAR A., BERTOMEU-SANCHEZ J.-R., « Louis Jacques Thenard’s
Chemistry Courses 
at the Collège de France, 1804-1835 », Ambix, vol. 57, n°1, 2010, pp.
48-63. 
[7] GRELON A., BIRCK F. (dir.) (1998) Des ingénieurs pour la Lorraine
XIXe-XXe siècles, Metz, Éd. 
Serpenoise. 
[8] GRELON A., GROSSETTI M. (dir.) (1996) Rapport « Villes et institutions
scientifiques », PIR-
Villes, CNRS. 
[9] GROSSETTI M. (dir.) (1994) Université et territoire, un système local
d’enseignement supérieur, 
Toulouse et Midi-Pyrénées, Toulouse, Presses universitaires du Mirail. 
[10] NABONNAND P. et ROLLET L. (dir), Les uns et les autres...Biographies
et prosopographies en 
histoire des sciences, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2012 
[11] ROLLET L. (2009) « Peut-on faire l’histoire des pôles
scientifiques ? », Histoire de l’éducation, 
n° 122, 95-113.