OFFRE DE POSTE
Post-doctorat dans le cadre de l'ANR COVID-ETHICS
L'equipe « Recherches en Ethique et Epistemologie » (Universite
Paris-Saclay, INSERM U1018
CESP), en partenariat avec l'Observatoire COVID, ethique et societe de
l'Espace de Reflexion
Ethique de la region Ile-de-France, coordonne le projet de recherche ANR
COVID-ETHICS (mai
2010 - nov 2021). Dans ce cadre, ils souhaitent recruter un post-doctorant
pour la rentree 2020
(sept-oct) pour une duree de 12 mois.

Le projet COVID-ETHICS
Un engagement analytique et critique vis-à-vis de la pandémie actuelle
COVID-19 est indispensable
pour mieux en comprendre les dimensions éthiques et ainsi renforcer nos
capacités d'anticipation et
la pertinence des interventions. L'objectif de ce projet est de tester et
construire des hypothèses, à
partir d'analyses empiriques et/ou conceptuelles, afin d'obtenir des
résultats pour renforcer notre
cadre d'analyse des enjeux éthiques et épistémologiques de
l'anticipation et la gestion des situations
pandémiques ; informé des crises précédentes et immergé dans celle du
COVID-19.
La recherche s'organise autour de quatre axes thématiques : (i) suivi,
retour et analyse d'expériences
de terrain ; (ii) les fabriques de l'éthique en temps de crise ; (iii)
crise sanitaire et éthique de
l'anticipation ; (iv) crise sanitaire et éthique de la fiabilité
scientifique.
Coordination scientifique du projet
: Léo Coutellec, Maître de conférences en éthique et
épistémologie, responsable de l'équipe "Recherches en éthique et
épistémologie" (Université Paris-
Saclay, INSERM, CESP U1018), membre de l'Espace éthique Ile-de France, du
Conseil pour
l'éthique de la recherche et l'intégrité scientifique (POLETHIS) et du
Labex DistAlz.

Sujet de post-doctorat proposé
Ce que l'expérience nous apprend (ou pas)
Identification des enjeux éthiques et épistémologiques dans la
considération des pratiques
(institutionnelles, soignantes, scientifiques) en contexte de crise
A l'occasion de la crise COVID-19 de nombreux dispositifs de collecte de
données ont été mis en place
et, dans de nombreux domaines, la pratique des acteurs a été valorisée,
parfois portée en symbole d'une
société qui doit agir face un phénomène menaçant. Données, terrains,
expériences, pratiques semblent
former une matrice sémantique et conceptuelle, et une dynamique sociale
partageables entre les
chercheurs et les pouvoirs publics en position d'analyser et de décider.
Dans un contexte de crise, en
l'absence de cadre théorique stable et de capacité prédictive
suffisante, ce retour à l'expérience, cette
considération pour les pratiques est à la fois compréhensible et
salutaire. Mais cette considération n'est
pas seulement la marque d'une posture contrainte par un pragmatisme de
crise, elle est aussi le
symptôme plus transversal et à portée moins conjoncturelle d'une
nécessité de ré-interroger la place et le
rôle de l'expérience dans la prise de décision, dans l'évaluation et
dans l'anticipation, et de retravailler
ses liens avec la théorie, la « montée en généralité » et la
production de standards ou de préconisations
1
.
Aussi, il s'agira tout autant de s'interroger sur cette éthique de (la
considération) de l'expérience que
sur
l'éthique comprise comme expérience: peut-on parler d'une expérience
éthique, existe-il un
moment de
l’ethique
, situé dans un espace-temps particulier, qui serait peut-être toujours
un moment de crise, que
l’on soit ou non en période de crise sanitaire ? La pratique de
l'éthique n'est-elle pas toujours une
expérience de crise ?
C'est cette considération pour l'expérience dans le cadre de la crise
pandémique du COVID-19 que nous
souhaitons analyser, du point de vue des enjeux éthiques et
épistémologiques qui en émergent ; avec une
attention particulière pour le caractère différencié de cette
considération selon les pratiques et les
domaines, et en observant la relative difficulté d'apprendre de ces
expériences. En conséquence,
l'identification de facteurs de différenciation ou de hiérarchisation des
pratiques sera centrale dans le
travail.
Nous pouvons identifier deux types de terrains
(au choix ou à travailler ensemble) :
– Place et rôle de l'expérience dans l'évaluation de la fiabilité
scientifique et dans la
circulation/appropriation des connaissances scientifiques
– Place et rôle de l'expérience dans l'organisation des soins et la
production de préconisations
sanitaires
Dans chacun de ces domaines, voici une première série de questionnements
:
– De la collecte de données à la montée en généralités : quel
travail et quels principes éthiques et
épistémologiques adoptés pour la considération des expériences ?
– Justifications (sociale, politique, scientifique) de l'invisibilité/la
visibilité de certaines
expériences ; et de la dissociation faire/penser.
–
Expérience de l'éthique en situation de crise : la pratique face aux
principes et valeurs ;
adaptations, ajustements, jugements des agents à l’égard des habitudes,
des règles et des normes
– Dispositifs d'apprentissage par l'expérience : limites et
potentialités.
Ces questionnements ne sont ni exhaustifs ni exclusifs les uns des autres.
Ils pourront s'enrichir du
questionnement propre du candidat. La posture méthodologique est libre
(travail d'analyse conceptuelle
ou historique, travail d'enquête, etc.), mais une ouverture à plusieurs
méthodologies serait appréciable.
1 Ici, nous utilisons le concept d'« expérience » avec ses deux
composantes : l'expérience comprise comme action (
faire
l'experience de
) et l'expérience comprise comme capacité (
avoir l'experience de
). L'expérience ainsi comprise structure
la pratique sans que cette dernière s'y réduise.
Compétences et diplomes
Doctorat en SHS (sociologie, anthropologie, philosophie, histoire,
éthique, épistémologie)
Modalités pratiques
CDD d’un an à partir de sept/oct 2020 (rattachement universitaire à
l’Université Paris-Saclay /
Equipe de recherche R2E, U1018 CESP INSERM/Paris-Saclay)
Rémunération : Grille fonction publique IR
Lieu d’exercice : Paris
Conditions de candidature
CV et lettre de motivation à envoyer avant
le 15 juillet 2020
à
: leo.coutellec@u-psud.fr
Bibliographie de repérage
Aiguier G. & Cobbaut J.-P. «Le tournant pragmatique de l’éthique en
santé : enjeux et perspectives pour la
formation »,
Journal international de bioethique et d'ethique des sciences
, 2016/1 (Vol. 27), p. 17-40.
Boitte P. & Cobbaut J.-P. « L'éthique comme apprentissage collectif.
Bioéthique, éthique clinique et éthique
institutionnelle ». Dans : Jacquemin D. (ed.).
Manuel de soins palliatifs
. Dunod, 2014, p. 184-192
Benasayag M. et Del Rey A.
Connaître est agir. Paysages et situations
. La Découverte ; 2006
Brives C. « Biomedical Packages Adjusting Drug, Bodies, and Environment in
a Phase III Clinical Trial ».
Medicine Anthropology Theory
2016
3(1):1-28.
Brives C., Le Marcis F. & Sanabria E. « What’s in a Context? Tenses and
Tensions in Evidence-Based
Medicine ».
Medical Anthropology
2016 35(5):369-76.
Cobbaut J.-P. « Quelle tâche pour une éthique du soin aujourd’hui ?
Assurer l’articulation du sémantique et
du pragmatique ». Dans : Benaroyo L. (éd.).
La philosophie du soin. Éthique, medecine et societe.
Presses
Universitaires de France, 2010, p. 87-103
Coutellec L. « Penser une bioéthique générique. Proposition
épistémologique pour la bioéthique ». Dans :
Hirsch E. (éd.).
Traite de bioethique. IV - Les nouveaux territoires de la bioethique.
ERES, 2018, p. 41-50.
Debaise D. & Stengers. « L’insistance des possibles ».
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